Bruxisme

 

Normalement, les dents n'entrent en contact les unes avec les autres qu'une vingtaine de minutes par jour, lorsque nous mâchons. Mais, sous l'effet du stress, certaines personnes se mettent à « serrer les dents » plusieurs heures, de jour comme de nuit, la moitié d'entre elles sans s'en rendre compte. Les dentistes parlent alors de bruxisme.

Le serrement (activité motrice continue) consiste en de simples crispations des mâchoires, sans bruit et sans mouvement des mâchoires, tandis que le grincement (activité motrice rythmique) est bruyant et s'exerce surtout la nuit, en déplaçant la mâchoire d'avant en arrière.

 

FORMES CLINIQUES DU BRUXISME

Il existe le bruxisme diurne et le bruxisme nocturne, avec une possibilité d'association entre ces deux formes : le bruxisme de type mixte.
Le bruxisme diurne est moins fréquent et moins destructeur que le bruxisme nocturne, car le sujet arrive à se contrôler. Le bruxisme nocturne est un désordre du sommeil lié au stress et à l'anxiété ressentis au cours de la journée. Il se produit la nuit, généralement lors du stade 2 du sommeil léger. Il peut être associé à des arythmies ventilatoires du sommeil, notamment le syndrome d'apnée obstructive du sommeil.
Chez les enfants, c'est normal, un certain nombre ont un bruxisme nocturne. Cela fait partie de leur développement psychique, du fait qu'ils n'ont pas de canines définitives pour faire « butoir » et empêcher les déplacements latéraux.
On distingue également:
-Le bruxisme primaire idiopathique, sans cause médicale ou dentaire identifiée, pouvant être associé à l'exacerbation de facteurs psychosociaux.
-Le bruxisme secondaire d'origine iatrogène lié à des pathologies neurologiques ou psychiatriques, des troubles du sommeil ou l'utilisation de médicaments.


Le bruxisme, qui se manifeste généralement chez les personnalités stressées (le profil type est la femme entre 20 et 50 ans) apparaît le plus souvent à la suite d'un choc psychologique comme un divorce, un deuil ou une perte d'emploi. D'ailleurs, plus le stress ressenti est intense, plus on grince des dents, ce qui explique l'augmentation des cas de bruxisme chez les étudiants, à l'approche des examens. Les dents sont un support somatique de l'agressivité. La relation psychosomatique est aujourd'hui avérée et l'implication du système nerveux central totalement admise. Cette automutilation est considérée comme une forme d'exutoire inconscient. Des médicaments comme certains neuroleptiques, les amphétamines (psychostimulants doparninergiques), la caféine, la nicotine, l’alcool, la cocaïne ou encore certains antidépresseurs inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (Fluoxetine, Sertraline ... ) peuvent avoir des effets secondaires de type bruxisme.

 

CONSÉQUENCES DU BRUXISME

Le dentiste fait le diagnostic et constate une usure prématurée, des fendillements, des fêlures, voire des fractures des dents à un stade plus avancé. Si l'on ne fait rien, les dents continuent à s'abraser, apparaissent comme meulées et présentent des facettes caractéristiques, comme si elles avaient été passées au papier de verre. dents naturelles. Les usures dentaires représentent le signe majeur associé au bruxisme. Elles perturbent les relations intermaxillaires et peuvent entraîner un avancement de la mandibule. Les forces générées lors du bruxisme, excessives pour les éléments dentaires, prothétiques et implantaires, rendent leur devenir incertain. Aussi, il faut le diagnostiquer à un stade précoce, car il peut provoquer des dégâts importants au niveau des différents systèmes de l'appareil manducateur (dents, parodonte, système musculaire et ostéo-articulaire) et révéler un terrain psychologique à prendre en charge.
Le bruxisme est souvent associé à un dysfonctionnement de l'articulation et de la musculature de la mâchoire. Des douleurs des articulations temporo-mandibulaires sont, dans la plupart des cas, présentes. On parle alors d'algies et de dysfonctionnements de l'appareil manducateur (ADAM).
L'hypertrophie du masséter et du temporal est à l'origine d'une augmentation du diamètre transversal de la face avec un visage d'aspect trapézoïdal. Elle aboutit à un excès de puissance des muscles élévateurs, qui entraîne un excès de pression au niveau des articulations temporomandibulaires, ce qui explique une fatigue et une partie des douleurs. Des spasmes douloureux, pouvant aller jusqu'au trismus, apparaissent et certains patients doivent se masser les masséters et les temporaux avant de pouvoir ouvrir la bouche.

Le bruxisme et/ou l'ADAM peuvent s'accompagner de douleurs cervicales et de maux de tête. Des douleurs diffuses, persistantes, inexpliquées et « baladeuses» peuvent aussi apparaître, surtout chez les femmes anxieuses et stressées. Ces douleurs musculaires prédominent au niveau du cou, de la région lombaire, du milieu du dos et également des membres. Les douleurs sont parfois tellement diffuses, que la patiente se plaint d'avoir « mal partout». Elles surviennent sur un fond de fatigue anormale et de troubles de sommeil. Il s'y associe souvent des maux de tête et de ventre par intestin irritable.

 

CONDUITE À TENIR CHEZ UN BRUXOMANE

Le traitement consiste, après la confirmation du bruxisme par le chirurgien-dentiste, à prendre conscience que l'on serre les dents et à essayer de s'en empêcher pendant la journée (autocontrôle). L'entretien va donc jouer un rôle thérapeutique primordial. Il doit être suivi d'un examen clinique minutieux. Cette prise de conscience du bruxisme est un préalable indispensable au traitement et influe largement sur son pronostic. Le patient est un acteur essentiel dans la prise en charge de son bruxisme. Si cet autocontrôle ne suffit pas, notamment la nuit, la prévention passera par une gouttière en résine (que l'on pourra éventuellement porter la journée: stress au travail, conduite automobile ... ).
Etant donné que le bruxisme a une origine centrale, dont les mécanismes sont encore mal compris, il ne semble pas exister à ce jour de traitement réellement efficace, mais plutôt des solutions palliatives.